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Joseph Dufrane dit Bosquetia

Son père, François Dufrane, vivait dans une maison qu'il avait fait bâtir à l'angle des rues de Lambrechies, aujourd'hui rue du 11 novembre, et Germain Hallez quand on vient de l'église en se dirigeant vers le parc communal.Il était organiste à l'église Sainte-Waudru.

C'est ainsi que Joseph apprit la musique autant dire dès sa naissance. Il devint en vérité, un excellent pianiste.
En 1854, il fut le premier chef d'orchestre de La Ducale Fanfare à Frameries que son père venait de créer et qui comptait, au départ, vingt-six instrumentistes.
Plus tard, il dirigea la chorale La Royale Lyrique à La Bouverie, étant lui-même un chanteur de talent.

En 1875, Joseph Dufrane dut à regret quitter Frameries pour s'établir à Bruxelles où l'appelaient ses occupations professionnelles et, phénomène curieux, c'est alors seulement qu'il commença à écrire en patois. Sans doute éprouvait-il le besoin de se reporter par la pensée au milieu de ceux parmi lesquels s'étaient écoulées son enfance et sa jeunesse.

Quoi qu'il en soit, c'est en 1879 que Joseph Dufrane entreprit d'écrire en patois et ce qui explique pour une grande part la naissance du premier almanach borain en 1880 ("Armonaque Borain").

En 1885, Jules Dufrane, directeur de l'imprimerie et sénateur libéral par la suite, créa un journal hebdomadaire de tendance progressiste intitulé "Tambour battant" avec en première page un texte en patois de Joseph Dufrane, sous forme de chronique. C'était la première écrite en borain. Joseph Dufrane ne l'avait ni signée de son nom ni d'un pseudonyme. Son frère, Jules Dufrane, eut l'idée de mettre au bas de celle-ci le nom de Bosquètia, ce qui signifie écureuil en patois de Frameries. Ce petit être vif, amusant, déluré personnalise bien l'auteur. Et, depuis lors, Joseph Dufrane n'a plus jamais signé autrement ses rubriques, fables, pièces de théâtre et diverses publications.

Ainsi donc Bosquètia collabora-t-il au Tambour battant et, sur l'insistance de son frère, il envoya à l'"Armonaque Borain" ses premières traductions en patois des fables de La Fontaine.

En 1879, lors d'un retour au pays et suite à une réflexion que lui fit une Framerisoise, qu'il rédigea la fameuse chanson "Enn c'est nie co Fram'ri's" qui est en quelque sorte l'hymne national de Frameries. En juillet de cette même année,au cours d'une Ducasse à Frameries, il se mit au piano et la chanta sur l'air du Dieu des bonnes gens (de Béranger). Tous l'acclamèrent. Telle est l'origine de cette chanson satirique qui a rendu Frameries célèbre tout au moins en Belgique et dans le Nord de la France. Jusqu'en 1885 et même après, on continua à la chanter sur l'air original. Puis petit à petit, on lui substitua la musique sur laquelle on l'exécute à présent, et dont on ne connaît pas l'auteur.

Coïncidence, c'est précisément à la ducasse de juillet qu'elle est née, soulignant ainsi la tradition par un évènement inoubliable qui dorénavant allait marquer toutes les cérémonies importantes qui ont eu lieu au village.

Joseph Dufrane s'est beaucoup attaché aux écrivains classiques et parmi ceux-ci, il a lu La Fontaine et Molière avec d'autant plus d'intérêt qu'il a trouvé chez eux un moyen d'expression qui s'articulait bien avec son tempérament. Il a aussi créé beaucoup d'oeuvres originales. Il est, en outre, l'auteur de chansons, de fables, de chroniques, de pièces de théâtre (quatorze comédies et une opérette), de contes en prose et en vers, de monologues et, ce qu'on ignore souvent, c'est qu'il avait un certain don pour l'aquarelle et la peinture à l'huile. Ses oeuvres dialectales ont déjà été éditées à six reprises.

En 1902, Joseph Dufrane prit une retraite bien méritée et alla se fixer à Mons.

Très touché par la mort de sa femme, il succomba à Mons, le 16 décembre 1906. Il est presqu'inutile de signaler que la commune de Frameries fit à Bosquètia d'émouvantes funérailles. Elle perdait avec lui son chantre vénéré dont l'oeuvre extrêment abondante l'avait fait connaître aux quatres points cardinaux de la Wallonnie.

Lui qui s'était inspiré des classiques, il était devenu en quelque sorte l'écrivain dialectal classique de Borinage.

Afin de perpétuer son souvenir, un monument à sa mémoire a été inauguré le 28 septembre 1913, sur la Place Bosquétia, à la demande de ses amis.